C'était le lundi 23 octobre 2017... Bien sûr, on ne m'a pas dit ça dans ces termes ! On m'a juste appris que j'avais un cancer du pancréas, ce qui, pour moi, signifiait une mort certaine à court terme...
J'étais venu, serein, pour en savoir plus sur les résultats de l’écho-endoscopie pratiquée une quinzaine de jours plus tôt. Serein, car depuis plus de trois mois qu'on avait cru voir un angiome, tumeur bénigne, sur mon foie, ni le scanner, ni l'IRM n'avaient montré quoi que ce soit de grave. Pas d'angiome, en tous cas, mais, oui, une petite anomalie sur le pancréas, une zone "kystique" qui ne semblait pas présenter de caractère dangereux. D'ailleurs, ni mon médecin, ni mon gastro-entérologue, ni même le spécialiste à l'IPC (Institut Paoli-Calmettes, centre de référence en cancérologie de Marseille), n'étaient inquiets. Ils me l'avaient dit, dans ces termes, l'un après l'autre !
Et voilà qu'on me dit qu'on avait trouvé des cellules cancéreuses dans le prélèvement fait quinze jours plus tôt ! Ah merde, t'es foutu mon pauvre vieux, me suis-je dit ! C'est ce que j'ai toujours pensé chaque fois que j'ai appris qu'untel ou unetelle avait un cancer du pancréas. La 1ère chose qui m'est venue à l'esprit ensuite, c'est : qu'allaient devenir mes chats ? Puis, je me suis demandé où j'allais me faire incinérer (faut être réaliste !). Après avoir pris rendez-vous pour de nouveaux scanner et IRM pour savoir si ce serait opérable, je suis rentré chez moi.
Là, je suis allé chercher des renseignements sur cette saloperie, avec Internet. Je voulais savoir quelle était, statistiquement, mon espérance de vie. J'ai d'abord vérifié que mon diagnostic pessimiste sur ce cancer était justifié, puisque il était mortel 95 fois sur cent... En en lisant un peu plus, je me suis vite rendu compte que s'il était si souvent mortel, c'était parce qu'il était généralement détecté tard, trop tard. Dans mon cas, il avait été détecté au contraire, très tôt, par hasard : je n'avais eu aucun symptôme, aucun problème de digestion ou quoi que ce soit !
Et donc, il n'y avait aucune raison que je ne fasse pas partie des 5% de rescapés ! Ce qui s'est vérifié, même si quelques complications auxquelles je ne m'attendais pas sont survenues, me condamnant à 10 semaines d'hospitalisation, alors que je m'attendais à 3 ou 4 au maximum... C'était pas cher payé pour sortir vivant de cette mésaventure ! Vivant et sans avoir aucun suivi à faire, ni chimio, ni rayons, ni même régime…
Je n'ai presque pas eu le temps d'avoir peur :) ! Y a de la chance que pour la canaille, vont dire certains...